Laïcité et interview présidentielle. (26 avril 2019)

Laïcité et interview présidentielle. (26 avril 2019)

Laïcité et interview présidentielle. (26 avril 2019)

Le 26 avril 2019, en conclusion du grand débat, le président Macron organise une grande interview, dans les salons de l'Elysée.
Au milieu de ce moment de restitution politique et après deux années d'attente et d'imprécision sur la question, il nous offre LE discours laïque que nous attendions.

2'08. En tout et pour tout. A la surprise de tout les acteurs laïques, des militants aux dirigeants d'associations, le Président lâche cette simple phrase.

" La loi de 1905 est notre pilier"

Le ciel couvert de la République se déchire en une seconde. Enfin une affirmation claire de ce qu'est la loi de 1905. Notre pilier. Le pilier de la République. Notons que cette phrase est attendue depuis plusieurs décennies dans la bouche des présidents.

Mais attention, le vrai revirement pour les spécialistes de la chose se situe dans l'explication qui suit: "la laïcité c'est la possibilité de croire en dieu ou de ne pas y croire, de pouvoir vivre ensemble dans la concorde et le respect..."

Cette phrase dans la bouche du président Macron est une révolution ! Une révolution philosophique, un retournement incroyable!
Explication: Macron est élevé à la laïcité de Ricœur, qui réfute la portée de la laïcité sur la société. Pendant ces deux années écoulées, depuis le début de cette mandature, la laïcité version Macron se bornait à cantonner la loi de 1905 à son aspect étatique et neutre concernant l'état et les agents publics.

La liberté de conscience était laissée de côté dans les développements laïques, et jetée aux chiens de garde du multiculturalisme de l'observatoire de la laïcité, et d'une poignée de députés. Ces activistes avaient donc beau jeu de décréter que seul l'état est laïque et que la société ne l’était pas où n'avait pas à l'être.
Sauf que.... Le principe de réalité ne peut pas faire de la société française, ce qu'elle n’est pas. Elle est laïque dans son ensemble et ce, malgré les offensives radicales des cultes, y compris terroristes.

Philosophiquement la société est laïque. L'état républicain l'est par définition, imposant la neutralité à ses agents malgré les complaintes à la porte de la fonction publique de toute une batterie de militants.
Le Président aurait pu s'arrêter là !

" ...De respecter les règles de la République, et de ne pas être ennuyé par ce que l'on croit, mais de ne jamais imposer à la société, de déroger aux règles de la République"


Ici, c'est une coup de tonnerre dans un ciel clair, dégagé par la reconnaissance d'une société laïque par le Président.

Nous pouvons réduire ceci à l'affirmation qu'en république, il y a des droits, et qu'à ces droits sont accolés des devoirs, dont on ne peut se défaire. Les libertés sont soumises à des devoirs dont on ne peut s'exonérer sans mettre en péril les libertés elles-mêmes !

"La loi de 1905 est pertinente, elle est le fruit de batailles et doit être pleinement appliquée"


Voilà une affirmation claire et nette de ce que tout président, élu avec le mandat de garantir les institutions de la République doit dire et surtout faire. On ne peut faire plus simple!

"...Nous avons renforcé son application ces derniers temps... en fermant des écoles lorsqu'elles ne respectaient pas les lois de la République, en fermant davantage d’associations culturelles et des établissements cultuels qui ne respectaient pas les règles de la République... au principe de l'ordre public ou de la lutte contre le terrorisme..."


Enfin.... Il y a enfin quelqu'un qui a lu la loi de 1905 et qui a surtout compris que c'est dans ce texte que sont les clefs contre la sédition religieuse autrement appelé communautarisme.
Espérons seulement que ce ne soit pas juste une annonce politique, mais bel et bien le début une application stricte du cadre de la République laïque.

S'ensuit une affirmation hallucinante du constat que les associations laïques dénoncent depuis tant d'années. Hallucinante parce qu'inédite, inouïe depuis des décennies dans la bouche des présidents en exercice.


"Communautarisme, sécession, islam politique, projet politique" ..."le gouvernement mettra tout en œuvre pour contrôler le financement de l'islamisme politique parce que c'est une menace sur la capacité de tenir la nation ensemble..."

2'08. Deux minutes de discours laïque, républicain, institutionnel. Une clarté exceptionnelle dans ces temps voués a l'obscurantisme sous toutes ces formes.

Mais.... Parce qu'il y a un mais... Ce n est qu'un discours. Nous notons qu'effectivement des écoles et des mosquées salafistes ont été fermées. La dimension de lutte contre le communautarisme religieux semble effectivement en marche depuis quelques temps. Le projet El Karoui semble écarté et le concordat musulman dirigé par Tarek Oubrou définitivement avorté. Nous resterons attentifs à tous les signes réintroduisant le frérisme dans le cercles de l'état, en rappelant à chaque fois ce qui s'est dit dans cette allocution de deux minutes. Sur la partie communautarisme, il y a tant à faire, le retard pris pour contraindre les cultes radicaux et les aisances prises par une partie de la société, toujours avec le soutien d'une classe politique frileuse, et de quelques imams culturels et médiatiques, que toute mesure forte sera saluée.

Mais c'est au sein de l'état que le problème majeur est à résoudre. Manifestement, ce communautarisme prospère alors qu'au sein même des institutions, il y a un bureau unique chargé de recenser les problèmes liés à la laïcité. Tant que cette boutique, service public s'il en est, ne sera pas dissoute, la validité du discours présidentiel ne sera opérante. Je parle ici de l'observatoire de la laïcité, détenteur du pouvoir de l'état, et qui pratique la promotion de la sédition en affirmant que la société n'est pas laïque, en qualifiant la laïcité d'apaisée, d'ouverte, de neutre, en dénaturant la liberté de conscience en en faisant une liberté de croire ou non, alors même qu'elle guide les pas des institutions et de la société dans sa majorité.

l'ODL est incapable de voir et de remonter les dérives communautaristes que dénonce le président, tout en inoculant par l'intermédiaire de messieurs Bianco et Cadène, directement dans les écoles le poison communautaire en relativisant la portée du poids cultuel et faisant de la laïcité un truc légal et non plus philosophique. La presse communautariste est unanime concernant cet organisme hébergé à Matignon. Ce qui n' est pas un signe de bonne santé laïque.
Il faut dissoudre ces ouvreurs de porte de l'islam politique, ou alors les discours clairs n'aurons aucune portée.

Il semble que les "Qatar papers" aient ouvert les yeux du président sur le financement du culte. Gageons que nous nous dotions des moyens nécessaires pour un contrôle sérieux de la manne financière que représente les donations de pays étrangers, distribuées en sous main en direction de l'islam politique.
Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire, en direction des universités, de la vie locale, de l’implication des municipalités dans le développement des mosquées radicales, et des écoles hors contrat.

Il faut cesser de s'entourer de personnalités troubles telles que Yassine Bellatar, disparu des médias depuis sa garde à vue, il faut s'interroger sur la pertinence de gens comme Tariq Ramadan, de regarder ce que porte quelques élus de la République comme Majid Messaoudene, de réfléchir au séparatisme prôné par les racistes, racialistes, indigénistes, qui mettent le couteau sous la gorge de l'art et de la République. Tout ces vecteurs du communautarisme, du séditionnisme doivent être contenus dans les luttes que le président dit vouloir faire au nom de la République.

Il ne faut pas combattre le résultat uniquement, mais tout ce qui contribue au résultat. Sans ce redressement global et républicain, nous continuerons de laisser les divisions s'opérer a l'ombre de la démocratie et de la République une et indivisible et sa société laïque enfin reconnue par le Président lui-même .

Liberté, égalité, laïcité
Inch' République.

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